Julie LONDON – Cry Me a Rive (1955)

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Julie London

Cry Me a River (1955) [EP]


Julie London (1926-2000), était d’abord actrice de cinéma avant de devenir chanteuse. Alors qu’elle faisait ses études à l’Université d’Hollywood, elle est découverte par l’agent Sue Carol, la femme de l’acteur Alan Ladd. Elle apparaît dans son 1er film Nabonga en 1944.
Sa première apparition de chanteuse se fait au 881 Club.
C’est un camarade de classe Arthur Hamilton qui lui composa « Cry Me A River » alors qu’un autre camarade de classe, Jack Wagner était DJ au KHJ à Hollywood. Il était impressionné par sa sensualité et son talent de chanteuse à l’époque où ils étudiaient ensemble.
Elle enregistre « Cry Me A River » seulement accompagnée de Barney Kessel à la guitare et de Ray Leatherwood à la contrebasse. Le résultat est un pure merveille de sensualité et de magie. Le titre ne se classe qu’à la 9ème place du Billboard en 1955 et seulement 22ème en Angleterre 2 ans plus tard. Cepdendant son 1er album Julie Is Her Name se classe second aux USA.
Elle ré-enregistre le titre « Live » en 1956 pour le film de Jayne Mansfield The Girl Can’t Help It.
Elle se marie avec Jack Webb jusqu’en 1953 puis Bobby Troup qui n’est autre que le créateur de « Route 66 » titre d’abord enregistré par Nat King Cole en 1946 puis par les Rolling Stones en 1964. Jusqu’à sa mort en 1999, il restera marié à Julie.
Depuis, « Cry Me A River » va devenir la hantise de plusieurs centaines d’artistes qui vont reprendre cette chanson. Ella Fitzgerald en 1961 en fait une excellente version plus jazz. Dexter Gordon (1955), Shirley Bassey (1957), Ray Charles (1964), Joe Cocker (15ème aux USA en 1970), Joan Baez (1977), Diana Krall (2001), et Viktor Lazlo en français en 1986 (Pleurer des rivières)… et même Björk ! pour ne citer que quelques grands noms de la musique tous genres confondus.
Julie London est surtout connue pour ses pochettes d’albums sexy mais a tout de même été nommée parmi les meilleures chanteuses en 1955, 1956 et 1957 par le Billboard. Malgré 32 albums durant toute sa carrière, « Cry Me A River » restera son seul simple classé dans les hit-parades, ce qui la ramène plutôt au rang d’une One Hit Wonder.
Victime d’une attaque en 1995, Julie London décède le 18 octobre 2000.
« Cry Me A River » passe ainsi le seuil du demi-siècle en 2005 et sa version mythique n’a pas fini de faire rêver les plus grandes pointures musicales du monde entier.

Écoute
Cry Me a River

Claude FRANÇOIS – Comme d’habitude (1967)

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Claude François

Comme d’habitude (1967) [EP]


Claude François était davantage connu comme star de la variété française pour midinettes avec un répertoire allant du yéyé du début des années 60 en passant par une somme assez colossale d’adaptations anglo-saxonnes de toutes sortes, twist, rock, folk, variété et même reggae…
En 1967, son contrat avec Philips arrive à son terme et Clo-Clo, loin d’être une star manipulée par le show-biz, prend son destin en main en créant sa propre maison de disques, « Flèche » dont le logo est l’œœuvre de Jean-Marie Périer, photographe attitré du magazine Salut les Copains, ainsi que de nombreuses vedettes.
En cette même année, France Gall met fin à son idylle avec Claude qui ne s’en remet pas. Jacuqes Revaux écrit les paroles, et Gilles Thibault et Claude François, la musique. La chanson est successivement proposée à Sacha Distel, Hugues Aufray et Petula Clark qui tous trois déclinent l’offre. Finalement, c’est en septembre que Claude enregistre « Comme d’habitude », épilogue de cette relation. Le disque paraît en novembre.
Ironie du sort, Claude François pourtant adepte forcené du « cover » à l’instar d’un Johnny Hallyday ou d’un Richard Anthony, se voit à son tour « pillé » par les américains. C’est l’histoire de l’arroseur arrosé !
Paul Anka écrit les paroles anglaises et l’enregistre ; mais c’est Frank Sinatra qui va signer l’une des plus fortes ventes de disques de tous les temps au Royaume-Uni avec 6 entrées dans le fameux « Top of the Pops » entre 1969 et 1971 avec une 5ème place comme meilleur classement.
D’autres stars comme Elvis Presley, les Sex Pistols, Nina Simone dans une version très speed qui a très bien marché en France (4ème au top) et un nombre incalculables d’artistes ont enregistré ce titre dans toutes les langues. De la Grande-Bretagne aux Etats-Unis en passant par le Japon et la Chine, « My Way » est devenu un tel standard que bon nombre de gens pensent que c’est une chanson américaine.
Quant à Claude François, sa mort accidentelle en mars 1978 mettra fin aux balbutiements de l’internationalisation de sa carrière. Il n’a jamais été classé aux USA et la Grande-Bretagne n’a qu’une 35ème place à offrir en 1976 avec « Tears on the Telephone » (« Le téléphone pleure » en anglais), ce qui est bien mince comme notoriété hors de l’hexagone.
Le plus extraordinaire dans cette histoire, c’est qu’une chanson de Claude François soit devenue LA chanson française la plus exportée dans le monde, rivalisant de ce fait avec le Boléro de Maurice Ravel !
Il y vraiment de quoi faire pâlir de jalousie les plus éminents auteurs-compositeurs de la France entière toutes époques confondues. Mais allez donc savoir pourquoi Claude François, et non Brel ou Brassens ?

Écoute
« Comme d’habitude »

Frank SINATRA « My Way » (1968) »

Nina SIMONE « My Way » (1971)

Johnny HALLYDAY – Cheveux longs et idées courtes (1966)

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Johnny Hallyday

Cheveux longs et idées courtes (1966) [EP]


En 1966, la vogue du Yéyé et du Rock touchent à leur fin. Johnny Hallyday sentait bien après 4 années de règne en tête sans partage dans le cœur des français, qu’une partie du public le délaissait, attiré par les sons d’outre-Manche et d’outre-Atlantique des Beatles, des Stones et de Dylan en particulier. Même en France, le rock pur et dur est battu en brèche par les Hugues Aufray et surtout les auteurs-compositeurs-interprètes que sont Michel Polnareff, et Jacques Dutronc.
Pour affirmer sa position d’éternel N°1, Johnny, avec la complicité de Jean-Marie Périer, photographe patenté des idoles des sixties, monte sur une échelle afin d’être le plus en vue sur la célébrissime photo de Salut les Copains du 12 avril 1966.
Johnny négocie donc un virage musical délicat en lançant sur le marché français des adaptations de musique noire, Funk et Rhythm’n’blues de James Brown, Wilson Pickett et Otis Redding afin de conserver une image concordant avec celle du rocker des années précédentes. Le batteur Tommy Brown et le guitariste Mick Jones (futur Foreigner) étaient engagés pour former son nouveau groupe les The Blackburds.
Tout aurait pu fonctionner parfaitement si l’agitateur Antoine n’avait pas balancé au printemps 1966 un gros pavé dans la mare avec ses « Élucubrations » provocantes qui mettent Johnny Hallyday en « cage à médrano » sur des sonorités dylanesques.
Un peu pris de cours, Johnny demande à un ami de lui composer une riposte. Cela donne le curieux « Cheveux longs et idées courtes » signé Johnny Hallyday-Gilles Thibault, faisant passer Johnny, le roi du cover, pour un authentique compositeur.
Malheureusement pour lui, il s’avère que cette chanson n’a rien d’une version originale. Ce n’est ni plus ni moins qu’un plagiat de « My Cricified Jesus » d’un artiste skiffle-folk-blues Belge Ferre Grignard qui avait eu son heure de gloire avec « Ring, Ring, I’ve Got to Sing » l’année précédente. Le titre original, malgré une inspiration folklorique, a donc été grossièrement maquillé en modifiant légèrement la mélodie et en supprimant l’harmonica pour en faire une « anti-protest song » spécialement destinée à riposter à Antoine et à tous les chevelus qui n’ont que leurs chansons et leur guitare pour dénoncer la guerre du Vietnam. Malgré ce contretemps, la chanson de Johnny connaît un succès suffisamment considérable pour couper la France en 2 pendant un certain temps… D’ailleurs Johnny a fait une tentative de suicide le 10 septembre avant de revenir en force avec l’adaptation de « Black is Black » de Los Bravos en « Noir c’est noir » où il évoque cette période trouble.
Cependant la véritable victime de cette « Guerre des chansons » (chantée par France Gall) sera finalement le 3ème larron ; celui qui n’y est pour rien, à savoir Ferre Grignard pour qui la gloire était arrivée trop tôt. Gloire éphémère. Il pensait que ça allait durer et a mené la grande vie. Le plagiat de Johnny l’a laissé sans réaction et il n’a touché aucun droit d’auteur alors qu’il était déjà criblé de dettes et de ce fait, a refusé de payer ses taxes. Il était par ailleurs sous l’emprise de l’alcool et a quitté Philips pour Barclay. Mais ses disques suivants ont été des échecs commerciaux et il a progressivement sombré dans la solitude et l’alcoolisme. Lorsqu’il a été découvert mort d’un cancer de la gorge à Antwerp en 1982, il vivait dans une masure sans chauffage entouré de bouteilles vides.
Personne ne sait au juste à quel point Johnny Hallyday était musicalement impliqué dans cette affaire. Ses biographies sont relativement discrètes à ce sujet. Nul doute qu’il a dû négocier le premier tournant difficile de sa jeune carrière alors qu’il n’était sûrement pas prêt à affronter la concurrence venant de courants musicaux différents du Rock. Parler de « traversée du désert » à propos de Johnny en 1966 comme c’est parfois évoqué dans certaines biographies est parfaitement incongru car son succès a presque toujours été constant. Johnny Hallyday a toujours pu compter sur sa force et son entourage pour ne pas sombrer dans l’oubli. Reste que l’histoire de Ferré Grignard mériterait de plus amples éclaircissements ; une bien triste ‘’histoire belge’’ dont on se serait volontiers passé.

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Cheveux longs et idées courtes

Ferre Grignard – « My Crucified Jesus »
My Crucified Jesus

JETHRO TULL – Bourrée (1969)

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Jethro Tull

Bourée / Fat Man (1969) [Single]


En 1969, Jethro Tull était déjà connu des français mais c’est curieusement avec cette reprise de la « Bourrée » extraite de la suite en ré mineur pour luth de Jean-Sébastien Bach,  que le groupe va connaître un succès phénoménal alors que ce titre passe totalement inaperçu en Grande-Bregagne.
2 flûtes traversières, une basse tonitruante, une batterie délirante et une guitare rythmique ont suffit à transcender la composition du Cantor de Leipzig.
Seul le 1er thème, dont le rythme a été changé, a été repris ; Jethro Tull improvise ensuite à la flûte et à la basse en accélérant le tempo par la batterie avant de revenir au thème initial à la manière d’une formation de Jazz.
Cette reprise mélangeant le classique, le Jazz et le rock dans une atmosphère médiévale donne un résultat époustouflant.
Bien d’autres groupes vont ensuite reprendre cette Bourrée de Bach dont l’éphémère Bakerloo, mais avec un succès bien moindre.
Quelque temps plus tard, House of the King un morceau du groupe Hollandais Focus, sèmera une belle confusion dans les esprits français car beacoup ont cru que c’était un nouveau titre de Jethro Tull avec une flûte traversière jouée d’une manière similaire en solo.
Dans l’esprit de beaucoup de français de la fin des sixties, Jethro Tull c’est la Bourrée, à la limite les créateurs d’un seul tube…
Voilà bien une « exception française » car nulle part ailleurs, le simple s’est vendu autant que chez nous.

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Bourée